“Que de gens se prétendent attachés à l'ordre, qui ne défendent que des habitudes, parfois même un simple vocabulaire dont les termes sont si bien polis, rognés par l'usage, qu'ils justifient tout sans jamais rien remettre en question ? C'est une des plus incompréhensibles disgrâces de l'homme, qu'il doive confier ce qu'il a de plus précieux à quelque chose d'aussi instable, d'aussi plastique, hélas, que le mot. Il faudrait beaucoup de courage pour vérifier chaque fois l'instrument, l'adapter à sa propre serrure. On aime mieux prendre le premier qui tombe sous la main, forcer un peu, et si le pêne joue, on n'en demande pas plus. J'admire les révolutionnaires qui se donnent tant de mal pour faire sauter des murailles à la dynamite, alors que le trousseau de clefs de gens bien pensants leur eût fourni de quoi entrer tranquillement par la porte sans réveiller personne.”
Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne, pp. 1061-1062 (Pléiade).
Bernanos.. quel génie... voilà pour moi (dans le peu que j'ai lu de lui encore) un des rares "esprits indépendants" en recherche de la "vérité" au-delà des étiquettes et des clans...
je découvre ce blog, ça commence bien et fort :) !
Rédigé par : Blaise | 18/01/2005 à 13:35
Je suis toujours ravi de partager mon enthousiasme pour le brillant et inclassable "pourfendeur d'imbéciles" que fût Bernanos ! Et merci pour vos encouragements !!
Rédigé par : AQW | 18/01/2005 à 19:02