J'avais juré qu'on ne m'y reprendrais plus, et par facilité, j'ai cédé. Eh oui... je me suis englué, par téléviseur interposé, dans le "barnum ardissonien" cette nuit. Pas bien longtemps certes, mais parfois, quelques minutes restent quelques minutes de trop. Paradoxe : ça m'a au moins permis de m'extraire de ma léthargie. De là à en conclure qu'il m'arrive d'entretenir un rapport de complaisance douteux et morbide avec la fétidité des effluves hertziennes (ou cablées), il n'y qu'un pas que l'irréductible illusion de la dignité m'empêche de franchir...
Venons-en au fait. Au parterre de "célébrités" fatalement dopées à la fatuité, s'ajoute soudainement un zigue à l'allure empruntée et à la mine grisâtre... Stéphane Zagdanski qu'il s'appelle. Connais pas.
Allez, commence pas mon gars, foin des préjugés et du délit de sale gueule ! Laisse-le s'exprimer. Après tout, si son ramage se rapporte à son étalage...
Ca commence pourtant bien mal. En guise de préambule, Zagdanski, assisté du questionnement mielleux de Ardisson, se vautre dans une outrecuidance pseudo-provocatrice en auto-proclamant lourdement son statut (?!) d'intellectuel. Mais bon, passons... Si notre intellectuel est là, c'est pour vendre son produit : un essai sur la question juive, qu'il se propose de résoudre une bonne fois pour toutes (tiens donc !?), au moyen des outils dont il dispose.
La problématique ne manque pas d'intérêt : comment rendre compte de cette persistance de l'antijudaïsme - notre auteur préfère cependant employer le terme imprécis et litigieux d'antisémitisme - au plan temporel (ça c'est classique) comme au plan spatial (pourquoi existe-t-il de l'antijudaïsme au Japon, par exemple, alors même que le Judaïsme n'a jamais pénétré l'Empire du Soleil Levant ?).
La réponse, quant à elle, ne manque pas d'être au moins spécieuse, si ce n'est méprisable : selon Zagdanski, si les juifs cristallisent à ce point une haine immémoriale et sans limite à leur encontre, c'est en raison du rapport exclusif de jouissance qu'ils entretiennent à l'égard de l'écrit., le Judaïsme étant la seule véritable religion du Livre. Or ce primat serait à ce point insupportable aux "religions filles" (Christianisme et Islam), que ces dernières n'ont pas eu d'autre choix que d'entrer dans un processus inéluctable de persécution - tiens, mais où sont passés les japonais, et tous les autres ?
La mise en exergue d'un tel préjugé intellectuel (et à forts relents suprémacistes) n'est pas seulement imbécile et absurde - elle témoigne en tout cas d'un dévoiement éhonté de la critique paulinienne formulée à l'encontre des rabbins ("vous vivez selon la loi, et non pas selon la foi") - mais pour le moins contre-productive, pour ne pas dire dangereuse... Faire du Judaïsme l'unique religion du Livre, ce n'est pas seulement faire preuve d'escroquerie manifeste, c'est encore (et surtout!) attiser les haines, en créant de la jalousie, voire de l'écoeurement. En outre, les propos de Zagdanski font curieusement écho aux scansions délirantes qui parsèment La France Juive de Drumont, le pape de l'antisémitisme* hexagonal - de tels propos ne sont rien d'autre, au fond, que le contre-type du délire aryaniste. Visiblement, M. Zagdanski est prêt à tout pour vendre sa came, quitte à offrir un précieux grain à moudre à ceux qu'il prétend combattre de la sorte. Son aveuglement se mesure à l'aune de son imposture... A moins que ce ne soit l'inverse.
AQW.
* Drumont n'opère, en effet, aucune distinction entre les "fils de Sem", et revendique l'appellation.
NB : Je ne cite pas le bouquin en question, ne l'ayant pas eu entre les mains. Ma critique ne concerne donc que la logorrhée-marketing de l'auteur en question.
c'est ki ça li kani ? comprends po ! (cf:colonne de gauche) ... en vacances et no-post... késéksa ?!
Rédigé par : norbert | 15/02/2005 à 13:42
Et tu ne parles pas non plus de la sortie, drapé dans sa bienpensance outrée, du "philosophe" Jean-Pierre Foucault face à "l'alfred sirven des lettres" Gérard de Villiers, tandis que le "sage" J. Lang n'osait intervenir de peur que ce dernier ne balançât quelque affaire sale le concernant j'imagine... toute cette scène était surréaliste!...
Rédigé par : Blaise | 15/02/2005 à 16:01
Nico > un kli = un client, un cani = un rade, un zinc , un bar quoi... Je te pardonne vu que c'est une vieille expression lyonnaise. En outre, ces vacances sont tout de même studieuses (concours oblige), et puis y'a rien qui m'inspire plus que ça en ce moment, concernant l'écriture. Et pourquoi Norbert au juste ??
Blaise > vu que j'ai pris l'émission sur la fin, je n'ai pas vu l'épisode auquel tu fais référence... Je tâcherai de combler cette lacune lors d'une rediffusion sur TV5. Mais ça devait valoir son pesant de flatulences, pour sûr !!!
Rédigé par : AQW | 15/02/2005 à 18:55