(icône piquée là)
Ayant calamiteusement loupé la dernière débauche d'eul' Didier dans la capitale de Gaules, eul' AQW ne pouvait rater le coche une seconde fois. C'est pourquoi, au volant de la redoutable AQW-Mobile, vot' serviteur (ben ouais, manquerait plus qu'ça !) s'est retrouvé jeudi dernier à foncer dare-dare, au mépris de la sécurité du pékin-à-pattes (en guise de médaille de St Christophe, faudrait absolument qu'il songe faire pendouiller une icône de St Robien-et-St Dégling') jusqu'au Rail-Théâtre, qu'il s'obstinait à snober depuis un bon lustre et demi*.
Fouyaaa qu'est-ce qu'y a comme peuple !! Du jamais vu ! C'est bien simple, on croirait assister à la réunion d'un panel Hips-Sauce. Y'a de tout : des p'tits couples qui s'offrent un joyeux bordel en guise de préparation à la St Valentin, des zados-trop-d'la-balle-comment-y-pète-sa-mère-ce-
mec, des vieilles carnes, des anarcho-skateur millionnaires, des faux pouilleux, des vrais zigomards, d'obscurs graisseux, des joyeux drilles, des poêtes maudits, des ch'veulus, des zéras, des Bad Gones, des néo-babs, des Bo-Bos, de Reb-Rurb** , des ban-bandes de po-potes, des solitaires paranos... Moi j'm'en fous, j'suis tout p'tit, mal élevé, j'me sens tout puissant avec mon maillot offishal-s'il-vous-plaît de Ali Daei - et surtout, j'ai déjà mon billet - donc j'les grille tous !
Première partie fort sympatoche, dont la présence se fait un peu pesante à la longue. Faut dire qu'ils sont bavards comme tout ces Soupe Sound System, et puis faut dire que les braillards aussi avinés qu'impatients à l'idée de voir se pointer leur gourou ne leur ont pas rendu grand service. On a même pu deviner une franche exaspération d'un des deux lurons du frétillant S.S.S. : "Té, c'est génial, y'a même des skinheads dans la salle !". Malgré tout, leur mélange de rap, de ragga et de zogotounnnnggggaaaaa foutrement bien chorégraphié ne m'a pas laissé indifférent. A suivre...
Trois quarts d'heure d'entracte. Ébauche d'explication plausible. De deux choses l'une, soit les intermittents ont passé l'après-midi à se faire glisser des prozac dans l'gosier à prompt renfort de gnôle douaisienne, soit c'était destiné à créer un suspense insoutenable destiné à remplir les caisses et à vider les fûts du zinc' de la salle.
Ah ben tiens mon con, le v'là eul' Didier. Ca n'a pas manqué : "Diiiiiiiii-dier supèèèèèèèèèr, Diiiiiii-dier supèèèèèèhhèèèèèreuuuuu, Diiiiiiii-dier supèèèèèr, Diiiiiiii-dier su-per-per-per", qu'ils éructent, plus décanillés que jamais, sur l'air de Y'en a des biens (d'ailleurs peut-être même parmi eux "y'en a des biens", mais comme le dit eul' Didier lui-même "quand même des fois, y'en a ils font chier"). "Ouais, vos gueules, c'est moi l'artiste", qu'il leur rétorque eul' Didier.
"Tchak-tougou-tchak-tougou-tchak"... Tiens, la version studio de Y'en a des biens... Il va nous la faire karaoké eul' Didier ? Succession de cafouillages...
"Bon ben, on voulait vous faire un concert en play-back, mais quand ça veut pas..." qu'y nous sort le trublion de bar-PMU !
Et là c'est parti pour de bon. Et sans esbroufe qui plus est : quand Didier Super fait son show, c'est à base de versions inédites - voire d'inédits tout court (c'est ainsi qu'en lieu et place de Petit caniche, peluche pour vieux, nous eûmes droit à un Petit anarchiste, casse-couilles pour vieux*** pas piqué des hannetons, et qui fit grincer plus d'un appareil orthondontique du côté d'une catégorie mentionnée plus haut !). Eul' Didier et sa guitare (et parfois son tambour), assistés du "petit garçon" (prénommé Carole, et pour cause : ce n'est pas un garçon) à la contrebasse, à la basse, et au clavier ont enchaîné les tubes, ponctués de discours rageurs qui laissaient transparaître une conscience socio-politique mordante et de haute volée, en tout cas digne de celle qui peut régner sur le plateau de Combien ça coûte ? ou encore lors de la fête annuelle du Beaujolpif de Roswel-sur-Gougnon - tremblez messieurs les puissants !! eul' Didier et ses affidés veillent !!
Surprise de taille : question musique, ben c'est vachement moins "à l'arrache" que sur l'albôme. Pas de clavier bontempi (snif...), une tentative de chant à deux voix, des soli à rendre jaloux Eric Clapton (remarquez, y'a d'quoi), une magistrale performance vocale motownienne qu'un Otis Redding sous Cep Vermeil n'aurait point renié - morceau de bravoure de cette balade composée en hommage à la petite Céline, la meilleure élève de l'école de chant de Didier Super, qui aurait dû la chanter en coeur avec son mentor, si sa kyrielle d'amants éconduits n'avait eu la drôle d'idée de lui cramer le visage à l'essence de voiture télécommandée (les chenapans !).
Puis vint le (faux) rappel, et, en guise de finale, c'est Carole qui prit le micro pour murmurer un timide - mais fort émouvant - J'aime les filles, clôt par un tonitruant "si vous êtes comme elle, ben c'est qu'z'êtes pas normal", beuglé par eul' Didier. Bouquet final !
Vu que Super Didier sillonne les routes de l'hexagone tout entier, avec une préférence certaine pour les haltes dans les salles des fêtes de bleds dans lesquels l'ami Leatherface ne serait nullement dépaysé, ce s'rait ben l'diôôble si vous passiez à côté.
AQW.
* La seule évocation de cette salle me plonge à ce point dans la nostalgie de ma "folle adolescence" comme dirait l'autre, que je ne puis résister à la tentation de vous avouer que cette saleté de chronique a été écrite sous les auspices vrombissantes et saturées d'un bon vieux thrash teuton (prononcer srèshhh) en provenance directe du bassin de la Ruhr. Pleasure to kill (ach !!!! "Komènt of ze blèïde" ou encore "Dèsss iss your seïfioooo", que d'émotion décidemment) et Terrible Certainty ("Stowmink wiss ménèss ! Heïtret gwosss in meïï") pour être plus précis... Rhaaa que c'est bon de se faire taillader les conduits auditifs de la sorte - c'est pas vot' neo-metal qui f'rait ça hein !!! cons de jeunes !!!!
** Des rebelles rurbanisés - ben quoi, moi aussi je peux créer mes catégories sociologiques !
*** De même qu'il entonnât un C'est pas si facile d'être riche sur l'air de Y'en a marre des pauvres.
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