Ouais, ben ouais, j'ai contribué à sauver les meubles de l'audimat de France 3 tout à l'heure en jetant un coup d'oeil sur le débat consacré au traité constitutionnel européen. Ben ouais, seulement un coup d'oeil, et seulement sur la fin, vu qu'il m'a surtout servi de fond sonore pour une partie endiablée de Kamoulox - en direct d'eul Kani - qui opposa le comparse lyonnais Zub et moi-même, sous la houlette consciencieuse de Folie (qui, par ailleurs, fit une timide allusion à la bourgade de Feurs, ce qui ne manqua pas de faire s'agiter ma part forézienne, mais seulement d'un point de vue hémiplégique, donc je n'ai pas relevé - d'ailleurs je te laisse une tribune à cet effet, Folie, juste en dessous de ce post ! Ha !).
Bref, bravo à France 3 d'avoir proposé un réel débat - m'enfin, sous réserves des contraintes quantitatives propres au "suffrage universel", mais c'est déjà ça. Cela dit, vu que je suis rien qu'un sale réac primaire, chapeauté par un ange gardien un peu tordu, un peu cynique, et diablement moqueur, eh bien j'ai surtout relevé deux belles conneries.
"Si le Non gagne, ce sera difficile pour les français parce que ce sera difficile pour le France", dixit notre ministre des affaires étrangères, accessoirement crétin des Alpes - à moins que ce ne soit l'inverse. Barnier embraya sur une envolée médiocrement hagiographique (et pour cause !) où se juxtaposaient force patronymes bénis des 12 étoiles sur fond bleu. Schuman, Monnet... etc. Et puis voilà. Bien bon ! Une tautologie imparfaite et obséquieuse en guise d'argumentation. En clair, il s'est pas cassé les fesses. Même pas besoin de caricaturer son propos, c'est d'un rageant !
Ensuite vient le tour de Mme Buffet que je n'ai vu brillante qu'en face de Thierry Breton (visiblement possédé par Pierre Bellemare) l'autre jour, c'est dire la puissance de son aura ! Son leitmotiv, ainsi que l'a bien relevé l'ami Olivier l'autre soir, est le suivant : "cette constitution (ultra-) libérale... gnagnagna.... gnagnagna...". Petite parenthèse pour 1 ou 2 lecteurs ciblés : faudrait vraiment qu'elle vienne consulter the most infamous Leitmotiv Cirkle parce qu'elle en est restée au stade des gimmicks ternes et même pas drôles.
La parenthèse étant close venons-en au fait. Ce soir, elle en a usé et abusé de son tic vaguement idéologique. Mais voilà, ce n'est qu'un tic. Si elle savait un tant soit peu de quoi elle parlait, elle saurait que parler de "constitution ultra-libérale", c'est ânonner un non-sens bien à la mode et bien commode, mais ça reste un non-sens, tant l'ultra-libéralisme - qui prône la dérèglement des lois du marché au profit de l'utopie bancale de la "main invisible" - ne peut souffrir le cloisonnement institutionnel. En outre, la dimension de l'option libertarienne (comme on dit aux États-Unis) est pour le moins microscopique sur l'échiquier politique européen. En bref, parler de constitution ultra-libérale, c'est énoncer une contradiction dans les termes, et s'offrir tout entier à l'arsenal brinquebalant mis en en place par les oui-ouistes. Allez donc dire à l'amigneugneu, anar-libéral atypique, colérique, touchant et pertinent à la fois, que le projet constitutionnel constitue sa panacée ! Vous serez bien reçus tiens !
Mais v'là que j'me mets à surestimer le propos de Buffet... Le noeud du problème est toujours le même au fond. Il s'agit toujours de diaboliser, de vouer aux gémonies, de lancer des anathèmes. De donner dans l'autodafé dépourvu de foi (autodafé = acte de foi, à la base). Fasciste ! , communiste ! , judéo-chrétien ! , islamiste ! , et maintenant (ou simultanément c'est selon) : libéral ! Autant de monstres sémantiques qui évitent bien des débats hein ? Les Goebbels/Beria de tout poil (à poil laineux et caprin de nos jours) se portent bien, merci pour leurs promoteurs volontaires !
Mais je m'égare. Pour ma part, je n'ai que très peu de sympathie pour la pensée libérale (peut-être même que - malheur à vous ! - je m'expliquerai à l'occasion sur l'inimitié radicale que je voue à certaines conséquences de la logique libérale, dont le péril paradoxal de l'Etat policier, mais ça c'est une autre histoire), mais je ne conçois pas de débat efficace sur le mode de l'incantation - et ce, bien que j'y cède parfois, surtout en ce qui concerne ces foutus Soc-Dem (je vous avais prévenu hein ! mais ils le cherchent bien !) !
Bref, ce sera NON de mon côté, mais Buffet, Villiers, Le Pen et Besancenot n'y sont pour rien, malgré tout ce qui les oppose !
Bon, je retourne faire un tour sur Private Blue, AB1, La Chaîne Parlementaire, ou encore M6 Boutique (tout dépend de l'élan nocturne), on en reparlera peut-être plus tard...
AQW.
MAIS ALORS T ES DE FEURS EN FAIT !
OH MON DIEU OH MON DIEU COMME COLOC' !
Rédigé par : Folie Privée | 26/04/2005 à 09:55
Ce sera non pour moi également, et s'il ne faut toujours diaboliser le libéralisme, il est nécessaire de le remettre en cause ou d'amener cette remise en cause. Nous devons changer d'objectif. L'humain plus important que le profit. Il ne me semble pas qu'on en prenne le chemin.
Rédigé par : kemi | 26/04/2005 à 10:08
Folie > mais non je ne suis pas de Feurs !! C'est juste que ce n'est pas loin de là où habitait ma grand-mère ! Toutes mes amitiés à Coloc cela dit !
Kémi > oui pour la remise en cause, mais à grands coups de formules incantatoires, ça non. Une fois de plus, je n'ai rien d'un libéral, mais ce n'est pas un "gros mot" pour moi...
Rédigé par : AQW | 26/04/2005 à 10:31
oué oué ...
:)
Rédigé par : Folie Privée | 26/04/2005 à 10:45
Mais mon doux, elle EST sinon "ultra-libérale", en tout cas parfiatement néo-libérale, cette constitution, puisqu'elle consiste en une reprise/tri/améloiration de tous les traités précédents, entasés depuis celui de Rome. En revenant de vacances, j'ai lu "Contre-feux" de Bourdieu: suffit de parcourir ce petit livre, déjà ancien mais tout à fait d'actualité, pour savoir pourquoi il faut voter "non".
Rédigé par : André | 26/04/2005 à 14:02
André, je ne prétends pas que le traité constitutionnel soit exempt de toute inspiration (néo-)libérale. Je tenais juste à pointer les failles du discours anti-libéral primaire incarné par les bégaiements de M-G Buffet (entre autres).
Leur recours systématique au gadget-épouvantail "libéral" trahit plusieurs choses embêtantes :
1/ Ils ont découvert l'eau chaude, parce que le dit fort judicieusement Isa, le souffle libéral précède le traité, et n'y est aucune réductible. Bref, il y a quelque chose comme du foutage de gueule dans leurs plaintes, dans la mesure où, que le projet soit accepté ou non, ce souffle sera toujours là.
2/ J'insiste, mais aucun d'entre eux n'a insisté sur le fait qu'une constitution libérale (à plus forte raison lorsqu'un tel modèle - dans sa dimension économique - prétend s'inscrire dans un cadre constitutionnel) est une contradiction dans les termes. Un libéral conséquent n'en voudrait pas, puisque son idéologie sous-tend que l'économique est parfaitement indépendant du politique et doit le demeurer. D'ailleurs c'est là qu'est le vrai problème et où je rejoindrais, pour le coup, ce "libéral conséquent" : un programme économique n'a pas sa place dans une constitution, le seul précédent à un tel cas de figure (bien que quelque peu différent vu qu'il ne s'agissait pas à proprement parler d'une constitution) se trouvait dans les républiques socialistes... C'est donc plutôt les effets d'un renoncement au contrôle politique sur le marché (et sur quasiment tout d'ailleurs, au bénéfice quasi-exclusif des juges - ha, c'est si beau l'Etat de droit !) qui est à craindre, et non pas l'inscription d'un programme économique dans une constitution, qui le condamne à la stérilité (ce que les ricains ont bien compris au demeurant : le libéralisme repose sur la licence et la jurisprudence, et non pas sur un édifice juridique inébranlable).
3/Le recours dogmatique à la menace libérale cache surtout une troublante occultation d'enjeux plus simples, et plus fondamentaux : que voulons-nous ? quel est notre projet commun ? est-il même légitime et viable ? etc. Or de telles questions ne trouvent pas de réponse autres qu'angéliques ou démoniaques, bref, qui sont dépourvues de toute substance politique. En somme, le débat politique actuel est pafaitement NUL, et ce de tous les côtés (je fais l'impasse sur quelques détails intéressants toutefois).
Tout ceci ne m'empêchera pas d'y aller de mon NON, c'est certain. Je regrette simplement que le débat ne soit pas à la mesure de l'enjeu, et que ce NON ne donne pas lieu à une remise en question beaucoup plus profonde de la politique en Occident.
Voilà. Première fois que je poste un note en guise de commentaire moi... Vite, de l'aspirine !
Rédigé par : AQW | 26/04/2005 à 18:52