"On ne saurait donc user de trop de précautions <afin de contrôler le pouvoir, et de contrer l'arbitraire politique>, ce qui amène à émietter le Pouvoir et son Contrôleur, par une division des attributions ou une succession rapide des titulaires, cause de faiblesse dans la gestion des intérêts sociaux, et de désordre dans la communauté. Faiblesse et désordre à la longue intolérables et qui, par une réaction naturelle, causent enfin la réunion des fragments de la Souveraineté en un tout, le Pouvoir se trouvant alors armé d'un droit despotique.
Le despotisme sera d'autant plus accentué qu'on aura plus largement conçu le droit de Souveraineté, dans le temps qu'on le croyait à l'abri de tout accaparemment.
(...)
La volonté générale n'est pas fixe par nature, mais mobile. Au lieu qu'elle soit prédéterminée dans une Loi, on peut la faire parler en lois successives et changeantes. Le Pouvoir usurpateur a donc, dans ce cas, les coudées plus franches, il est plus libre <que lorsque la Loi est fondamentalement immuable et transcendante>, et la liberté du Pouvoir s'appelle l'Arbitraire."
Bertrand de Jouvenel, Du Pouvoir (I, II, pp. 83-84).
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