F. Goya, Les Vieilles (source ici)
Nouvelle incursion du mercredi, en la place Ambroise Courtois - celle-là même qui sert de faire-valoir prout-ma-chère à ce no man's land surpeuplé (non, ce n'est pas contradictoire) qu'est le 8e arrondissement lyonnais. (cf. là, et là aussi juste après)
Scénario inchangé : une heure à tuer, le temps que le cours de danse hip-hop du petit frolo s'achève. Même le synopsis se complaît dans la redite, à une nuance près : pas de partie endiablée de foutebôle de rue cette fois-ci.
Quelques poignées de gangs à tête-blanche-nichons-fripés-séparés-par-le-nombril, ça et là, agglutinées sur les bancs municipaux. Puisque la coutume exige que la meilleure défense soit l'attaque, je prends les devants, m'arme d'un semblant de courage et prends position sur l'un des bancs, juste derrière l'un des gangs.
Vu que je suis undercover, le facteur discrétion est primordial. Toutefois, il faut prendre garde à ne pas négliger le facteur "crainte sociale", histoire d'impressionner la galerie. La dissimulation par la simulation. Ca tombe bien : je suis mal rasé, une casquette couleur crème périmée est vissée sur mon crâne lisse, et la fidèle et rapiécée veste en cuir "coupe droite à la coup de trique prussienne" me sert d'armure de fortune. (Après réflexion, je doute que ce chiasseux mélange des genres provoque bien l'effet escompté).
J'épie et tend l'oreille. Le léger tracas laisse la place à une stupeur que mon élan mégalo-paranoïde de l'autre jour avait quelque peu voilé.
Bon sang mais qu'est-ce qu'elles trafiquent les mégères ? Car oui, il s'agit bel et bien d'un trafic. Rien que ça parle en langage sibyllin, rien que ça s'échange des biftons, rien que ça ne cesse de faire des aller-retour par binôme entre ledit banc et la Presse-Librairie-Papeterie qui jouxte le seuil de mon ancien domicile (ça c'est pour la touche auto-fiction). Mais je ne suis pas dupe, non ! A d'autres l'exhibition des 70 grilles de J. Capelovici, Télé Star, Notre temps, et autres Pleine Vie. Ces parutions peu engageantes sont arborées beaucoup trop ostensiblement pour ne rien dissimuler sous le papier glacé. Trop polie pour être au net cette couverture... (ça c'est pour la touche "fiente de l'esprit").
Même le barbu hirsute posté à quelques avancées de béquilles de là, et affairé à un cours particulier de "Bouyou méssié-dames, sivouplé un piti pièce sivouplé pour manger le bébé sivouplé" doctement prodigué à un auditoire féminin tout acquis à la cause, n'est là que pour faire diversion. Et dire que c'est vers lui que tous les yeux dévorés par une suspicion si vulgaire lorgnent ! Les imbéciles... S'ils savaient... Mais on ne me la fait pas à moi, j'ai suffisamment larvé devant une pléthore de thrillers parano pour prétendre à l'excellence en matière d'investigation de pointe.
Mais voilà, ma pusillanimité - celle qui consiste à vouloir préserver au moins une part de mon amour-propre - me condamne souvent à passer à côté des fondamentaux ad hoc. En bref, j'ai fait l'impasse sur Derrick, Drucker et Sevran, du coup le concentré de méfiance sagace dont je viens de m'enorgueillir prend un sérieux coup de batte chromée en pleine gueule. Comme si clairvoyance et entendement s'étaient soudainement brouillés, sans même en appeler à ma volonté. Et après certains osent fonder de savantes théories sur un primat indu accordé la volonté. Laissez-moi rire ouais !
Bref, tout était parfait du côté de la contre-attaque, mais ce fut au détriment de l'attaque elle-même. Un petit progrès tout de même par rapport à la dernière fois : j'ai su dominer la paresse. Par contre l'orgueil a tout fait foirer. Faut tout reprendre à zéro en somme. Se concentrer sur les fondamentaux, et faire fi du Troisième Oeil. Penser à ne jamais aller consulter ce couillon de Sun-Tsu - à moins que...
L'enquête n'est qu'à ses débuts. Patience...
AQW.
PS : Parce que je suis un ouf', je le proclame haut et fort et abats mon soufflet sur quelques "faces d'albâtre" (ça c'est pour la touche "j'ai lu de la poésie moi môôôôsieur) : "Gérard de Villiers, Dan Brown, P-L Sulitzer, Michael Crichton etc. vous pouvez trembler... AQW est là pour vous ravir les lauriers (mais gaffe, ils sont chromés eux aussi) !"
Hu ! :)
Rédigé par : Folie Privée | 13/05/2005 à 09:39
Quel style impressionniste (comme dirais les millionistes complexés)!
Rédigé par : Face d'albâtre 1 | 13/05/2005 à 14:33
La suite, bordel!
Qu'est-ce qu'elles trafiquent tes vieillasses? si tu fais pas la suite, saches que le Syndicat te soupçonnera d'avoir conclu une entente avec elles genre tu les protèges, elles te refilent une part.
Alors ne traînes pas...
Rédigé par : leblase | 18/05/2005 à 13:43
Folie > mais nooooon.
Face d'albâtre > punaise, même les obscurs courants politiques doivent faire les frais de ton orthographe pitoyable ! Milloniste, voyons ! Mais quel crétin je fais ! Il s'agit certainement d'une lissanse poaitik - toutes mes excuses par conséquent.
LeBlase > tu n'es tout de même pas sans savoir que ledit Syndicat n'est autre qu'une production foireuse émanant de la fausse synarchie. Or, il se trouve que je suis victime des affres de la très-Vraie et très-Redoutée Synarchie (voir beaucoup plus haut). Par conséquent, mes maux me préservent de leurs éventuelles assignations.
Rédigé par : AQW | 21/05/2005 à 00:35