... ferme la donc, ou donne dans l'ostensible", me disait l'autre soir Rosy Varte, dans un élan de fureur fort légitime, lors du brunch annuel organisé par l'amicale des boulistes physiocrates (l'inoubliable interprète de M'ame Maguy en était l'invitée d'honneur).
Vu que ce genre d'alternative aurait presque (je dis bien presque) tendance à susciter un semblant de sursaut au sein de mon esprit engourdi par la dive canicule, je me suis décidé à oser un mélange des genres, soit : vous gratifier d'un cliché qui n'a rien d'autre à dire que ce qu'il montre. Pas de mise en perspective, rien, un ready-made de pacotille pour ainsi dire.
Alors certes, j'aurais pu donner dans l'art conceptuel (vous savez, celui qui se réclame en tant que tel, dans la mesure où il n'a d'autre choix que de s'adjoindre un savant blabla pour mieux maquiller son inanité, oui oui ! celui-là même que le ministre de la culture de Grande-Bretagne, dans un élan déjà mis en scène par Duchamp, a osé qualifier - à juste titre - de conceptual bullshit, lors d'une visite de je-ne-sais-plus-quelle expo au Tate Museum, au tout aussi juste mépris des "élites" fébriles et autistes de l'Aesthesis impuissante). C'est d'ailleurs précisément ce que je m'apprête à faire, vu que je suis un parfait béotien, que je n'ai pas la vivacité situationniste, mais que j'ai quand même bien envie de jouer (encore) un peu...
Et c'est partiiiii !
Proposition de titre (de l'oeuvre) n°1 : Inventaire ochlocratique
Blabla nécessaire : Ou comment l'artiste, par le truchement d'un contre-champ paradoxal et savamment épuré, chante la gloire d'un élan spontané sur piètre matière plastique résultant du mal-être proto-estudiantin postmoderne.
Proposition n°2 : Rite de Passage ?
Blabla nécessaire : Peinant à se frayer un chemin au coeur de la corbeille, la chemise plastifiée de l'élève de 6e traînant sa misère au sein d'un établissement de banlieue endormie ne manque pas de symboliser l'éveil embryonnaire du Lumpenproletariat postmoderne (ah oui, c'est censé être de l'art conceptuel - alors il ne s'agit pas de faire l'économie du terme "postmoderne", sinon vous serez instantanément suspecté d'hégélo-goebbelsisme, ou pire d'avidadollarisme - soit le pire des crimes réactionnaires, montant aux ordres des séides de l'Idéal-Ploutocratie Fascistomorphe - c'est dire putain !) face à l'Oppression Crypto-Bourgeoise dont l'Education Nationale, en dépit - et à partir - des manoeuvres pseudo-laxistes, est le plus infâme suppôt.
Maintenant, la question : saurez-vous jouer à votre tour à partir du même cliché ? qui veut jouer ?
En somme, ce post aurait pu s'appeller Détourne-moi si tu le veux.
AQW.
Je suis atterré devant une telle fatuité et un manque de sensibilité aussi patent! C'est pourtant suffisamment clair !! C'est là le Capitalisme annihilant qui est visé, son aspect traditionnicide, son cannibalisme latent. Que lit-on ? Ou plutôt qu'est-ce que l'artiste a bien voulu nous faire lire ? Les mots, et à l'échelle micro-syntagmique, la lettre, sont des traces, des idéogrammes que nous devons déchiffrer et remettre en ordre, pour en faire jaillir le sens, en tirer la substanfiti..la substanitifi...la substanaqui...bon merde, la moelle quoi !!!: "B aime"-> BMW, cette icône de la réussite sociale (Nân ! pas de la beaufitude, petits esprits étriqués !) associée à "Teube", ( au passage on notera la considération psychanalytique: grosse voiture, petite...)allusion claire à l'industrie du sexe, au porno du premier dimanche du mois sur la chaine cryptée. L'argent c'est le nerf de la guerre, et la guerre des sexes c'est le porno. Le capitalisme s'immisce donc insidueusement dans tous les interstices (même les plus étroits) de notre vie privée. Des "chips" graisseuses dans une main, son chibre dans l'autre, l'homme moderne est réduit à cet axiome: consommer du plaisir. Pourtant les valeurs éternelles ne sont pas loin, le boudin, la saignée du cochon dans la cour de la ferme de tonton Roger, les cris de supplicié du goret que l'on égorge, la tripaille chaude, fumante dans le petit matin de février et se répendant dans la boue.Ah ! la simplicité, le vrai, le bon, le bien. Mais cette réalité est acculée au bord de l'oeuvre, en marge, presque reniée dans les faubourgs de la perception immédiate. Bientôt tout ce qui a fait notre belle civilisation aura disparu, éclipsé, désintégré sous les coups de butoirs du Capitalisme en rut, turgescent,vicieux, rouge, mais ne reniant pas un petit rosé, comme cette toile d'ailleurs...chapeau bas l'artiste...(quelle concision dans la signature, coin inférieur droit, presque un écusson, une marque de fabrique, un génie naît sous nos yeux.)
Rédigé par : Joseph Pujol | 24/06/2005 à 01:22
Il n y a rien à dire de ton cliché comme il n y a rien à dire de Warhol, et ceci justement parce que l'un et l'autre ont dèjà tout dit sans réthorique et sans ironie, mais avec quelque chose de définitivement énigmatique : l'objet qui s'offre dans une transparence totale, figuration pure.
Je ne sais pas bien ce que je raconte mais J'ai joué .. je gagne quoi ? :)
Rédigé par : laseine | 24/06/2005 à 13:10
Gâchis de typex, ni plus ni moins, cela mérite t-il davantage de lignes ?
Rédigé par : Mamz'elle | 24/06/2005 à 13:15
Inventaire onirique de l'espace urbain dans les sociétès tribales des Z.E.P:
..l'espace public reste un lieu à investir , ou des individus ou groupes d'individus peuvent inscrire leur mémoire, les repères et les signes de leur existence propre..la poubelle apparaît comme un dernier lieu de créativité ...
la poubelle comme creuset emblématique de la réappropriation de l'espace urbain...
Rédigé par : O%MG | 24/06/2005 à 14:29
J'achète le texte de pujol.
Combien?
Rédigé par : leblase | 24/06/2005 à 14:31
La problématique de recyclage des déchets humains de la société postmoderne se pose de plus en plus avec acquité et urgence ...
Serait-ce ton intention ?
Si oui est-elle écologique ou chrétienne-démocrate ?
Je continue de jouer, car je n'arrive pas à me taire, donc je plaisante ... à peine. :)
Rédigé par : laseine | 24/06/2005 à 14:59
Titre :
Le rose, c'est gerbique.
Blabla :
La preuve.
je suis vachement conceptuelle oué :)
Rédigé par : Folie Privée | 24/06/2005 à 21:28
Titre de l'oeuvre: dscn1530.JPG
Blabla: pas facile tout les jours mais je vois la vie en rose, et j'aime le boudin.
Rédigé par : pimpeleu | 25/06/2005 à 10:02
Tous > Bien joué !
Mention spéciale à Folie et Pimpeleu pour avoir respecté à la lettre le "modus operandi" de ce jeu sans enjeu.
Mention d'excellence à Pujol qui remporte haut la main ses galons de "conceptual bullshitter"
Mention "bel essai non transformé" à LeBlase : trop tard camarade, tel un Bébéar des bacs à sable, j'ai obtenu tous les droits de l'oeuvre (passée présente et à venir) dudit Pujol. Cela ne se fit pas sans passer par la case OPA hostile, mais un mécène contemporain se doit frapper fort et sec.
Mention "Fais tourner le Lysanxia" à 0%MG : je suis tout particulièrement touché par cette brillante mise en abîme du fruit des ratiocinations géniale d'un oscur préfet parisien.
Mention "Bienvenue" à LaSeine : Eh bien le voilà ton cadeau, alors heureux ? (j'aurais peut-être dû préciser que ce n'était pas un concours). Merci tout de même de m'aider à y voir clair dans mes intentions ;)
Le Prix Spécial Saupiquet (du Syndicat des Atrabilaires Unis Provisoirement dans l'Ire, la QUerelle Et Tutti quanti) est attribué à Mam'zelle, qui du coup, se trouve être la grande gagnante (tout aussi provisoire) de ce concours. Car oui, finalement c'est devenu un concours.
J'adore distribuer les bons points.
Rédigé par : AQW | 25/06/2005 à 16:57
Non mais, je m"élève (sérieuse et disciplinée)contre les résultats du con court!
C'est un peu court , jeune homme, et que gagne t-on ?
alors fais tourner Bachir!
L'art..dure et les euh....
Eh! ben mon cochon (rose)
A la recherche du diptyque perdu..
Boudin à l'eau de rose..
Dans le rose paradis des z"amours enfantines
Vous mes patates !
Plastiques et tocs.
Les chips ça collent à la langue de ..Molière
Cour (de récré) après moi !
Rédigé par : 0%MG | 26/06/2005 à 16:23