Retour au même banc. Des chacals maigrichons, dotés pour seule armure d'un équipement P2B - Banlieue 69, traquent la perdrix et la dinde. Mais au vu de la faiblesse de leur tactique, c'est un retour bredouille qui s'annonce.
T'façon je m'en fous de tout ça - il me faut me reconcentrer sur ma quête d'informations, alors s'agit pas de s'éparpiller.
Je prends place aux côtés de deux mégères plurigénaires dont la causerie s'articule à partir de l'axiome suivant : "Il y a des choses qui ne s'oublient pas".
Bien que la sentence soit assénée à une dizaine de reprises, cela ne m'avance pas à grand chose vu que je suis arrivé en cours de commérage. En même temps, tout cela prouve que ma présence n'a pas été remarquée - et c'est toujours ça de pris.
Tout à coup les scansions s'évanouissent et cèdent la place à diverses considérations touchant le sort de leurs petits enfants. C'est là que je rends compte que je ne suis pas le seul à me poser des questions - elles aussi sont en proie à des interrogations très certainement cruciales.
"Mais qu'est-ce qui se passe dans leurs petites têtes ??", qu'elles annonent. Puis vient le tour de l'exposition des méfaits du tabac - feat. cette proposition redoutable, utile et certaine : "Mais pour fumer sans problème, faudrait avoir des poumons en fer !" (ben ouais, fallait y penser !).
Problème : ça tourne court.
Apparemment, la communication passe mal. Les hein ?, comment ?, à qui ?, de quoi ?, mais à qui ?, s'enchaînent à qui mieux-mieux, dans un tourbillon frénétique et étourdissant. Le brouillage semble prendre fin alors qu'elles se mettent à s'extasier sur le Toutou qui les escorte. Bien entendu, je sais que les histoires de proportion sont sujettes à l'hypersubjectivité, n'empêche que, plus je lorgne sur cette espèce de peluche couinante et braillarde (du type même de celles qui se plaisent à porter leur choix sur les pneus de mon véhicule afin de les bénir à l'aide de leur mixtion, et à qui il me plairait de fournir de temps à autres, non sans magnanimité, l'occasion d'une paix éternelle, à l'aide de ces même pneus - Yorkshires, caniches, etc., la preuve cosmologique de l'existence du Malin), plus j'ai du mal à saisir le lien avec la créature terrifiante et léonine avec laquelle elles la compare.
Et v'la que tout se brouille avec encore plus d'entrain.
Une troisième mégère s'époumone sur ce qui m'a l'air d'être l'odieux fruit de la copulation raisonnée (c'est dire ce que la Raison peut engendrer de foireux) d'un de ses propres rejetons. Ce qui me fait hésiter, c'est qu'elle le menace régulièrement d'un déluge de baffes - ma foi, les grands-mères s'adaptent à leur époque, elles aussi. Le spectacle offert par ce sale gosse justifierait à lui seul une campagne massive de stérilisation forcée, voire d'euthanasie précoce (et te marre pas la vieille, t'y passeras aussi, la complicité génétique de crime contre ma paix, ça va chercher loin en temps de guerre civile). Puis surgit une greluche braillarde, greffée à son mobile (car le corps inerte n'est pas celui que l'on croit), qui ne juge pas utile et nécessaire de s'ôter de mon soleil.
Cette accumulation d'écueils - car oui, compte tenu de mes piètres facultés de concentration, deux surgissements équivalent à une accumulation - ne peut être le fruit du hasard vu que le binôme cacochyme en a profité pour prendre la tangente sans même que cela n'effleure mon champ perceptif. Mais pourquoi me suis-je laissé gagner par la colère, foutrediable ?
Le temps de réaliser que mon parcours initiatique (St Derrick, St Le Renard, ou St Schimanski... priez pour moi !) semble frappé du sceau des péchés capitaux - sauf que merde, je suis pas Brad Pitt - et v'la un nouveau binôme du même acabit qui se pointe... Mais suffit juste de poursuivre l'enquête !!!, me direz-vous, le regard torve et l'haleine puante. Facile à dire bande de hyènes ! Car la fatalité a voulu que je file au même instant.
Vous prendrez bien un chewing-gum cela dit. Non ?
AQW.
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